À
travers six thèmes (approvisionnement en eau, gestion des déchets,
propreté corporelle, bains, latrines et médecine hygiéniste),
cette exposition tente de mettre fin aux nombreux préjugés qui
entourent cet aspect de la vie quotidienne médiévale.
Cette
exposition marque les 25 ans d'ouverture au public de la tour Jean
sans Peur, accompagnée d'une riche programmation (www.tourjeansanspeur.com)
L'hygiène
publique
Au Moyen Âge, les
rois prennent des mesures visant à endiguer la malpropreté urbaine.
Au XIIIe siècle, Philippe Auguste fait paver les grands axes de la
Capitale. Au siècle suivant, les parisiens sont soumis à une taxe
pour l’enlèvement des ordures. Le roi Charles VI (1380-1422) fait
également promulguer une ordonnance afin que les immondices ne
soient pas jetés dans les cours d’eau et que les métiers
polluants s’implantent en aval des cités.
Malgré toutes ces
ordonnances, les rues médiévales restent mal entretenues. En témoignent leurs
noms : rue Sale, rue Foireuse, rue du Merderon…
Particuliers et
professionnels continuent de déverser leurs déchets à même la rue
: on trouve en pleine ville des soues à cochon, des poulaillers, des
étables et des écuries dont les rigoles pissoires déversent leur
contenu sur la voirie. Les bouchers
répandent le sang et les viscères des animaux, les barbiers le
reste des saignées et des cheveux de leurs clients…
Le manque de
fontaines publiques n’aide pas à améliorer la situation :
pour 200 000 habitants, Paris ne possède que six fontaines ! Enfin, les latrines
construites au-dessus des ponts ou bien au-dessus des ruelles augment
encore la pollution.
Il faut attendre le
XVe siècle pour que des réponses fortes soient apportées
à la pollution ambiante (généralisation du pavage des rues,
multiplication des égouts, paveurs et éboueurs se constituant en
métiers).
L'hygiène
domestique
Contrairement à
l’extérieur, l’intérieur des maisons fait l’objet d’un
entretien régulier. Les sols sont balayés et lavés. Dans les
demeures bourgeoises, sont jetées des jonchées (des herbes
fraîches coupées mêlées à des fleurs).
Les objets sont
rangés dans des placards muraux ou bien accrochés sur des barres en
bois qui peuvent servir également à suspendre les vêtements. Le peu de mobilier
et les tables sur tréteaux, rangées contre les murs, rendent plus
aisé le nettoyage de la maison.
Parallèlement, des
solutions sont apportées pour se débarrasser des insectes qui
pullulent. Ainsi, pour piéger les puces, on n’hésite pas à
placer sur les lits des peaux de moutons ou des draps rêches et
blancs.
En ville, toutes les
maisons ne possèdent pas de latrines. Elles sont parfois construites
sur un passage en hauteur reliant les deux maisons. Les habitants qui
n’ont pas la chance d’avoir de latrines privées peuvent
également se rendre aux latrines publiques, au-dessus des ponts.
Dans les milieux
aisés, les latrines sont construites soit en encorbellement sur la
demeure (installées dans des édicules accrochés sur la façade) ou
bien intégrées à l’intérieur des murs, les déchets étant
évacués dans une fosse à latrines, comme c'est le cas à la tour
Jean sans Peur.
L'hygiène
personnelle
La peur de l’eau, rentrant dans la peau et vectrice d’épidémies, n’est pas encore à l’ordre du jour.
Dans
les domaines de la médecine ou bien des soins de beauté,
de nombreux traités recommandent l’usage du bain. Offrir un bain
est également un gage de civilité.
Dans certains
métiers, se laver les mains est une obligation pour des raisons
rituelles : le chirurgien doit se laver les mains avant d’opérer
comme le prêtre avant de dire la messe.
Si les bourgeois se
font apporter leur baignoire dans leur chambre, les habitants moins
aisés n’hésitent pas à se baigner soit dans les rivières, dans
les fossés de la ville ou même dans leur cuveau à lessive. En ville, existent
des bains publics ayant d’autres fonctions que celles de se laver
simplement le corps : bains curatifs ou bien bains de plaisir appelés
au dès le Moyen Âge bordels.
Pour la toilette,
les accessoires sont nombreux : rasoirs, miroirs, cures-oreille,
cures-dent, shampoings et même dentifrice exaltant la blancheur des
dents (pilules ou pâtes dentifrices à base d’os de seiche broyé
ou de corail blanc pilé mélangé à des herbes tels que l’oseille
ou la menthe pour donner une bonne haleine). Chez l’apothicaire
ou le mercier, le citadin peut acheter du savon, en pâte molle ou en
pain, frappé d’une croix.
Parmi les actes
quotidiens liés à l'hygiène, outre la toilette, il faut citer
notamment l’épouillage avec un peigne aux dents serrées ou bien
son traitement par des lotions capillaires.
Les femmes
aristocrates, quant à elles, se doivent d’avoir la peau blanche.
Elles y parviennent à l’aide de poudre de nombril marin, un petit
coquillage blanc, ou de céruse de plomb, dont l’excès opère à
terme des ravages sur la peau. Elles s’épilent
également le haut du front ainsi que tout le corps, pratique
observée également chez les hommes, suivant une habitude venue
d'Orient.
Ainsi, l’hygiène
corporelle fait l’objet de préceptes nombreux dans les traités de
médecine et les livres de bonne manière et cela dès les XIIe siècle et XIIIe siècles. Jamais peut-être avant le XXe siècle, le souci de propreté personnelle n’aura été aussi fort
qu’à la période médiévale lorsque chacun pensait que sa santé
en dépendait.
COMMISSAIRE DE L'EXPOSITION
Danièle
Alexandre-Bidon
Historienne.
Ingénieure d'études au Centre de Recherches Historiques de l'Ecole
des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Spécialiste de la vie
quotidienne au Moyen Âge.
PRODUCTION
Association
des amis de la tour Jean sans Peur
HORAIRES
Individuels (sans réservation) : 13h30 - 18h mercredi, samedi et dimanche
Groupes (sur réservation par tel. ou mail) : 10h- 18h mardi, jeudi ou vendredi
ATTENTION LA TOUR JEAN SANS PEUR EST FERMEE EN AOÛT ET JUSQU'AU 2/09 INCLUS
REOUVERTURE LE 3 SEPTEMBRE A 13h30