A propos de l'exposition
Initialement programmée à la galerie
du Montparnasse dans le cadre du droit des femmes en mars puis au Festival des
Dramagouines et au Salon du livre lesbien en mai, cette exposition d'art urbain
s’installe en novembre à la bibliothèque Aimé Césaire pour le Festival des
Fiertés LGBTQIA+
porté par la mairie du 14ème arrondissement de Paris.
Aujourd’hui, l’art urbain est investi
par des artistes femmes féministes qui transmettent sur les murs de nos rues
des messages féministes, directement accessibles aux passant.e.s de tout âge et
de toute catégorie sociale. Un visuel, surtout une œuvre d’art, est
bien souvent plus parlant et instructif qu’un discours ou un texte. Il percute
d’emblée les consciences et interroge. Cet art de rue imprime des images fortes
dans la tête. Les femmes s’embrassent, ont des poils sur les jambes, les vulves
et clitoris s’exposent. Les artistes de cette exposition se font la voie/voix d’une
libération des femmes, en somme la liberté des femmes de disposer de leur
corps, de leur sexualité et de l’espace public, de façon
d’autant plus efficace peut-être que leur art s’affiche justement
dans l’espace public !
Nous sommes fières de pouvoir faire
tourner cette exposition pour contribuer à une plus grande visibilité et
connaissance des cultures féministes et lesbiennes, en écho à l’histoire du quartier du Montparnasse, à l’histoire
de l’art et de la liberté des femmes. En effet, même si les féministes ont gagné
des batailles essentielles pour le droit des femmes, ces droits restent
fragiles et il y a encore bien des batailles à gagner. Ainsi, si l’homosexualité féminine ne
se cache plus aujourd’hui, elle reste encore discrète et moins revendicative
que les autres minorités sexuelles.
C'est à la Grèce antique qu'il faut
remonter pour lire des textes valorisant une sexualité fière et non hétéronormée, notamment à la poétesse Sappho
de l’île de Lesbos, qui célèbre l’amour
lesbien. Et pourtant, les libertés ont été formidables dans les années 20 et à la Belle Époque : l’âge d’or des salons
lesbiens (apparition du mot « lesbienne » en 1925). Mais
après, mal vues et rejetées, les lesbiennes se cachent et sont invisibles jusqu’aux
années 80.
Cette exposition propose de les rendre
visible à partir de portraits d’artistes, écrivaines, militantes etc. qui ont
eu une réflexion sur leur lesbianisme. En effet, les lesbiennes ont contribué à
changer l’art et les représentations genrées. Elles ont aussi beaucoup apporté
à plusieurs mouvements sociaux (féministe, antisida, LGBTQ+…). Ce sont les années
de l’épidémie de SIDA qui ravage la communauté homosexuelle, qui vont
enclencher une militance radicale vers la reconnaissance des communautés LGBTQ+. L’artiste gay de street-art Keith
Haring, activiste pour la cause des homosexuels et la lutte contre le sida, a
marqué le regard qu'on porte vis-à-vis
de la sexualité
et du genre, surtout dans le domaine artistique et culturel. L’influence
d'activistes LGBTQIA+ a modifié les attentes des spectateurs.trices mais aussi
des exposant.e.s d'art. En effet, si l’œuvre de Robert Mapplethorpe peut encore
choquer, c'est très loin du scandale de sa première apparition. Pareillement
avec les œuvres provocatrices de Frida Kahlo. L'artiste mexicaine a toujours
interrogé la féminité et la masculinité, proposant un discours féministe
et une approche fluide de la bisexualité.
Plus
spécifiquement, dans l’art urbain, art de rue, art roi de l’espace public où les femmes sont
davantage exposées, art « hors-la loi » à ses débuts dans les années 60-70 à New-York,
les artistes féminines sont encore aujourd’hui minoritaires. Et en danger dans
certains pays où les extrémismes
religieux régentent l’ordre moral et social. Même si les femmes artistes sont
de plus en plus nombreuses à peindre des murs immenses, à évoluer en collectif,
à défendre leur art, leur visibilité et se déclarer féministes. Mais qu’en est-il des artistes
de street-art féministes et/ou lesbiennes ? Comment s’expriment-elles ? Il
semblerait qu’il se crée un chemin dans une jungle hostile, par les
questionnements sur l’identité sexuelle et les remises en cause des
assignations sociales de genre que posent les premières artistes urbaines qui
ont déconstruit le genre comme Kashink dès 2013. Mais laissons les artistes
elles-mêmes nous répondre
Dates importantes relatives à l'exposition :
L'exposition se tiendra du 5 novembre au 3 décembre 2025,
Une visite guidée de l’exposition aura lieu lors du vernissage le 6 novembre et
du finissage le 3 décembre à 19h.